Pour le vainqueur de Roland-Garros, l’exaltation du triomphe s’accompagne du poids de la victoire – littéralement. La Coupe des Mousquetaires, le trophée décerné au champion du simple messieurs, est une magnifique œuvre d’art fabriquée à partir de 14 kilogrammes d’argent. Mais l’histoire de ce prix très convoité va au-delà de sa taille et de son matériau impressionnants. Il s’agit d’un récit lié à la riche histoire de Mellerio, le plus ancien joaillier du monde, et à son engagement durable dans l’art de l’orfèvrerie.
L’héritage de Mellerio ne ressemble à aucun autre. Fondée au XVIIe siècle, elle reste la plus ancienne bijouterie familiale et indépendante au monde. Si son nom est aujourd’hui synonyme de bijoux exquis, ses racines plongent dans l’artisanat méticuleux de l’orfèvrerie. Pendant des siècles, Mellerio a produit toute une série d’objets précieux qui témoignaient de sa maîtrise du façonnage des métaux précieux. Le XXe siècle, cependant, a vu un changement – une spécialisation dans l’orfèvrerie civile. Cette période a vu la création de pièces emblématiques telles que le prestigieux Ballon d’Or, décerné chaque année au meilleur joueur de football masculin, et le trophée qui orne les mains des champions de Roland Garros : la Coupe des Mousquetaires.
En 1981, la Fédération française de tennis a entrepris de redessiner la Coupe des Mousquetaires. L’objectif était de créer un trophée qui incarne l’héritage de quatre joueurs de tennis français légendaires – Jacques Brugnon, Jean Borotra, Henri Cochet et René Lacoste, collectivement connus sous le nom des Quatre Mousquetaires. Les joailliers parisiens ont été invités à soumettre leurs créations, et c’est Mellerio qui a remporté la victoire. Son triomphe repose sur un modèle qui respire l’élégance et le raffinement : une coupe à large ouverture ornée d’une frise de délicates feuilles de vigne et de deux élégantes anses en forme de cygne.
La Coupe des Mousquetaires originale se trouve dans le bureau du Président de la Fédération Française de Tennis et ne fait sa grande sortie qu’une fois par an, le jour de la finale du simple messieurs. Le vainqueur ne peut pas garder ce symbole prestigieux pour toujours, mais il reçoit une réplique méticuleusement fabriquée. Légèrement plus petite que l’original, cette réplique représente plus d’une centaine d’heures de travail acharné de la part des orfèvres qualifiés de Mellerio.
La transformation d’un simple morceau d’argent en récompense pour un champion est une symphonie de savoir-faire. Le processus commence avec l’orfèvre-tourneur-repousseur, qui façonne méticuleusement la feuille d’argent dans la forme souhaitée, en amenant le métal à épouser la silhouette du gobelet. Le métal en fusion est ensuite coulé dans des moules par le fondeur, qui donne vie aux anses en forme de cygne et à la frise complexe de feuilles de vigne. Le ciseleur prend ensuite le relais, affinant méticuleusement les détails à l’aide d’un minuscule burin, afin de s’assurer que chaque motif est parfaitement formé. Une fois tous les composants minutieusement contrôlés et polis, l’orfèvre les assemble par une soudure précise. Enfin, le graveur immortalise le nom du lauréat sur la base, gravant ainsi de manière permanente son exploit sur le trophée.
Ce travail minutieux et collaboratif aboutit à la création d’un trophée qui incarne le prestige du tournoi et le parcours ardu du champion. Le produit fini est un témoignage de l’art et de la persévérance, un trophée étincelant de 14 kilogrammes, de 21 pouces de haut et 19 pouces de large, à jamais lié à l’héritage de Roland-Garros et au savoir-faire de Mellerio.