L’UFC-Que Choisir dénonce les limites du leasing social automobile

L'UFC-Que Choisir critique l'efficacité du leasing social automobile. Selon l'association de consommateurs, ce dispositif ne cible pas les ménages les plus modestes et sa durée de trois ans limite son impact sur l'électrification du parc automobile français.

Par
Aurélien Ronto
Né au début des années 1990 dans la région parisienne, Aurélien Ronto est un journaliste spécialisé dans l'automobile qui a su transformer sa passion pour les...
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© Photo : kasto (Depositphotos)

L’association de consommateurs L’UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme. Cette association de consommateurs remet en question l’efficacité réelle du leasing social automobile, ce dispositif gouvernemental qui vise à démocratiser l’accès aux véhicules électriques pour les ménages modestes.

Le programme, relancé le 30 septembre 2025, affiche des ambitions louables. Il propose aux Français dont le revenu fiscal de référence par part est inférieur à 16 300 euros de louer une voiture électrique pendant trois ans. Les conditions semblent strictes sur le papier. La distance domicile-travail doit excéder 15 kilomètres, ou le candidat doit justifier d’un usage professionnel de plus de 8 000 kilomètres par an.

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Un public pas vraiment ciblé ?

Les chiffres révélés par un rapport sénatorial sont alarmants. En 2024, sur les 50 000 bénéficiaires, 60 % appartenaient aux déciles de revenus 4 et 5. Ces ménages ne correspondent pas aux plus modestes, qui étaient initialement visés par le gouvernement. Cette dérive interroge sur la capacité du dispositif à atteindre sa cible.

La mécanique du système présente des failles béantes. Des personnes non imposables, dont les revenus sont principalement constitués de primes, peuvent facilement y accéder. Certains bénéficiaires reconnaissent d’ailleurs eux-mêmes être « plutôt à l’aise dans la vie » tout en profitant de ces avantages fiscaux.

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Une durée de location problématique

L’UFC-Que Choisir souligne un défaut majeur du système. Selon l’association de consommateurs, la durée de location de trois ans semble insuffisante pour garantir l’efficacité du dispositif. Cette courte période ne permet pas d’ancrer durablement l’usage du véhicule électrique chez les conducteurs concernés.

Vincent Salimon, le patron de BMW France, partage cette analyse critique : « Pourquoi cela ne suffira-t-il pas ? Parce que le marché est animé par les entreprises et les particuliers CSP+, et que c’est sur ces segments qu’il faut agir principalement ». Il explique ainsi que le marché automobile est toujours dominé par les entreprises et les particuliers appartenant aux catégories socioprofessionnelles supérieures. Ces segments constituent les véritables moteurs du marché, qu’il faudrait encourager en priorité.

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Un retour vers les constructeurs

La quasi-totalité des véhicules loués reviendront grossir les parcs des constructeurs une fois la période de location terminée. Cette réalité prive le dispositif de tout impact durable à long terme. Les voitures électriques ne restent pas dans le circuit des ménages modestes une fois le contrat terminé.

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Les résultats en demi-teinte

Les statistiques de vente confirment la portée limitée du programme. La part des véhicules particuliers électriques neufs n’a progressé que d’un point par rapport à l’année précédente. Elle atteint 17,6 % au 31 août 2025, contre 16,6 % en 2024.

L’enveloppe budgétaire de 370 millions d’euros provient des taxes collectées via les certificats d’économies d’énergie. Cette somme doit financer 50 000 véhicules d’ici 2030, ce qui correspond à une aide moyenne de 7 400 euros par véhicule. L’objectif est d’éviter le versement d’un premier loyer majoré de plusieurs milliers d’euros.

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Les véhicules éligibles restent limités

Trente-deux modèles 100 % électriques sont proposés dans le cadre du programme. Ces véhicules doivent bénéficier du bonus écologique et ne pas dépasser 47 000 euros TTC. Le leasing social ne peut pas se cumuler avec d’autres aides gouvernementales.

Vers une réforme nécessaire ?

L’analyse de l’UFC-Que Choisir met en lumière les insuffisances d’un système qui peine à remplir sa mission première. Le dispositif doit être profondément revu pour mieux cibler les ménages modestes et prolonger la durée de location.

Le gouvernement devra repenser sa stratégie pour favoriser une transition énergétique plus équitable. Les critiques formulées par l’association de consommateurs méritent une attention particulière de la part des pouvoirs publics.

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