Une paillette capte la lumière crue, scintillant comme un défi au milieu du béton brut d’un parking désaffecté du Quai de Grenelle. Telle est la scène de la collection Automne/Hiver 2024 de JUUN.J, judicieusement intitulée « ECCENTRIC« , et qui représente une réimagination audacieuse de l’esthétique emblématique de la marque.
Jun Wook Jun, directeur créatif et visionnaire de JUUN.J, manie une palette familière de laine, de cuir, de denim, de fourrure et de paillettes, mais les transcrit sur le corps avec une intention subversive. Le tailleur, un élément de base de JUUN.J, revient en force, ses lignes épurées étant ponctuées de déconstructions ludiques. Les teintes automnales traditionnelles de kaki et de marine sont rehaussées de reflets métalliques inattendus, tandis que le tartan explose dans un flamboiement d’orange.
« Au-delà des frontières du genre« , déclare Jun, « cette collection transcende les limites des articles, des matériaux et du style. Elle est à la fois imprévisible et claire« . JUUN.J vise à démanteler les cloisons rigides de la mode, en brouillant les lignes entre le prêt-à-porter et la couture, entre le masculin et le féminin.
Jun marche sur la corde raide entre la rudesse et le glamour. Le denim brut se transforme en costumes ciselés, tandis que les tresses décolorées et peintes à la bombe se transforment en minijupes rebelles. Les vestes classiques à double boutonnage, les cuirs de motard et les pantalons de tailleur sortent dénudés, leurs silhouettes étirées à des proportions surréalistes avec des épaules exagérées et des couches coupées. Les fourrures surdimensionnées, les sweats à capuche et les manteaux géants amplifient le sentiment de rébellion exacerbée.
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L’abondance d’idées, cependant, remet parfois en question la cohérence de l’ensemble. Si les pièces individuelles suscitent l’admiration, la collection dans son ensemble peine à se fondre dans un récit cohérent. Le final, un défilé de costumes identiques en velours noir, est presque dérangeant dans son uniformité, comme si Jun, dans sa poursuite incessante de la déconstruction, avait élagué jusqu’aux fils de l’unité thématique.
Pourtant, c’est dans ce chaos contrôlé que réside l’incontestable brio de JUUN.J. C’est une marque qui se délecte à repousser les limites, à remettre en question la définition même de la mode. « ECCENTRIC » n’est peut-être pas une symphonie entièrement réalisée, mais c’est un concerto de dissonances captivant, un manifeste audacieux de rébellion sartoriale qui se répercute longtemps après que la dernière paillette se soit évanouie dans le crépuscule parisien.
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© JUUN.J