La mode est-elle un domaine exclusivement humain ou la sphère sartoriale pourrait-elle être une nouvelle frontière à l’aube de l’influence de l’intelligence artificielle ? La collection doublet Printemps/Été 2024 du designer Masayuki Ino met en perspective cette question intrigante. À travers une présentation imaginative et dynamique, Ino réfléchit à la relation intime entre les humains et leurs homologues de l’IA.
Les vagues numériques de la révolution de l’IA n’ont pas épargné les rivages de la mode. Masayuki Ino, le génie créatif à l’origine de doublet, tient à raconter cette histoire avec une pointe de fantaisie et d’esprit. Avec des personnages allant des robots aux savants fous qui font leur apparition sur les podiums, la collection déroule un fil narratif en équilibre sur la frontière précaire entre l’humain et le cybernétique.
Au cœur de la collection de doublet se trouve une exploration du principe « vivre et laisser vivre », un sentiment poignant reflété dans les notes de la collection où le créateur a donné une voix à l’IA, « Je veux juste vivre avec toi« . Cette déclaration convaincante résonne tout au long de la collection, remettant en question nos idées préconçues sur le rôle et l’espace de l’IA dans nos vies.
La collection était un splendide spectacle de fusion sartoriale entre l’homme et la machine. Avec des ports de données qui adhèrent à la peau et des prises audio qui pendent de manière ludique des pantalons de jogging, la collection a repoussé les limites de l’esthétique conventionnelle de la mode. L’ensemble ingénieux présentait également des silhouettes étranges et des façons non conventionnelles de porter des articles – d’un cardigan de grand-père tordu de travers avec son encolure transformée en emmanchure, à une paire de jeans transformée en sac à main à la mode.
Les créations d’Ino se sont aventurées dans le domaine du surréalisme, présentant des pièces qui donnaient à l’homme une apparence « augmentée ». Les mannequins ont glissé le long de la piste sur des hoverboards, leurs tenues les faisant ressembler à des robots humanoïdes, dont la mécanique est parfaitement visible. Pourtant, la construction magistrale du designer a créé une aura de crédibilité autour de l’étrange.
La question reste posée : une IA portant un doublet rêve-t-elle de la Fashion Week de Paris ? Avec la vision captivante d’Ino qui s’est matérialisée sur le podium, cela ne semble pas aussi farfelu qu’on pourrait le penser au premier abord. Cette collection visionnaire, qui navigue à la croisée de la mode, de la technologie et de l’humanité, propose un discours qui donne à réfléchir sur notre coexistence avec l’IA et sur la manière dont elle pourrait potentiellement influencer nos choix en matière de mode.
© Photos : doublet
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