L’approbation récente par la Food and Drug Administration (FDA) des premières cigarettes électroniques aromatisées au menthol aux États-Unis a suscité de vives réactions. Cette décision, prise deux mois seulement après que l’administration Biden a reporté l’interdiction des cigarettes au menthol, suscite de nombreux débats avec des arguments pour et contre.
La FDA a autorisé quatre produits de cigarettes électroniques aromatisés au menthol de NJOY, une filiale du géant du tabac Altria (il existe par ailleurs de nombreux autres arômes, dont ceux de la gamme Liquideo sur cigaretteelec.fr). Les groupes de santé publique ont immédiatement exprimé leur vive désapprobation, citant l’attrait bien documenté des produits du tabac aromatisés pour les jeunes. La Campagne pour des enfants sans tabac a mis en avant des données montrant que près d’un quart des lycéens utilisateurs d’e-cigarettes privilégient les variétés mentholées illicites, facilement disponibles dans de nombreux magasins.
Harold Wimmer, président de l’American Lung Association, a exprimé son inquiétude quant à la possibilité que ces nouvelles cigarettes électroniques deviennent une porte d’entrée pour les jeunes. Il a souligné que certains produits autorisés contiennent des niveaux de nicotine supérieurs à ceux d’un paquet de cigarettes, ce qui soulève de sérieux risques de dépendance.
La FDA reconnaît que les cigarettes électroniques ne sont pas sûres et que tous les produits du tabac présentent des risques pour la santé. Cependant, l’agence affirme que pour les fumeurs adultes qui luttent pour arrêter de fumer, ces cigarettes électroniques au menthol pourraient constituer une stratégie de réduction des risques. Le Dr Matthew Farrelly, Directeur du Bureau de la Science du Département des Produits du Tabac (Center for Tobacco Products) de la FDA, a souligné la rigueur de l’examen scientifique effectué par l’agence, concluant que “la force des preuves des avantages pour les fumeurs adultes… était suffisante pour l’emporter sur les risques encourus par les jeunes.”
Le Dr Vaughan Rees, Directeur du Centre pour la lutte mondiale contre le tabac à Harvard, soutient la décision de la FDA. Il considère les cigarettes électroniques comme une “alternative moins risquée” pour les fumeurs adultes qui n’ont pas réussi à arrêter de fumer, et privilégie leurs avantages pour la santé par rapport aux risques potentiels pour les adolescents.
Cette décision intervient dans le cadre du débat actuel sur l’interdiction potentielle des cigarettes mentholées, une politique proposée initialement par l’administration Biden. Cette interdiction, qui vise à lutter contre les problèmes de santé liés au tabagisme, en particulier au sein des communautés noires qui consomment de manière disproportionnée des cigarettes mentholées, s’est heurtée à une forte opposition. L’industrie du tabac a lancé des campagnes de lobbying à coups de millions de dollars, tandis que certains électeurs noirs se sont inquiétés des conséquences potentielles sur la justice pénale et le trafic de cigarettes de contrefaçon.
L’autorisation par la FDA des e-cigarettes mentholées représente un défi à multiples facettes. Les experts en santé publique s’inquiètent à juste titre du risque d’initiation des jeunes à ces produits aromatisés. En effet, des études ont régulièrement montré que les produits du tabac aromatisés, y compris les cigarettes au menthol et les liquides de vapotage au goût de bonbon, sont plus attrayants pour les adolescents. On craint que ces nouvelles e-cigarettes mentholées n’attirent des adolescents qui ne seraient pas attirés par les produits du tabac traditionnels, créant ainsi une nouvelle génération de consommateurs dépendants.
En outre, les effets à long terme des cigarettes électroniques sur la santé ne sont pas clairs. Bien qu’elles puissent être moins nocives que les cigarettes traditionnelles, le risque de lésions pulmonaires et d’autres complications liées à l’inhalation de produits chimiques en aérosol reste une inconnue de taille. L’autorisation de ces e-cigarettes au menthol engage essentiellement des millions d’utilisateurs dans une démarche de santé à long terme, dont les conséquences potentielles ne sont pas encore totalement comprises.
D’un autre côté, la FDA affirme que pour les fumeurs adultes qui ne parviennent pas à arrêter le tabac traditionnel, ces cigarettes électroniques au menthol pourraient constituer une stratégie de réduction des risques. Des décennies de recherche ont établi les risques importants pour la santé associés au tabagisme, notamment le cancer, les maladies cardiaques et les maladies pulmonaires. Si ces e-cigarettes au menthol peuvent inciter certains fumeurs à arrêter la cigarette, même s’ils ne cessent pas complètement de consommer de la nicotine, elles pourraient avoir un effet bénéfique important sur la santé publique.
La décision de la FDA d’approuver les cigarettes électroniques au menthol est complexe et met en évidence les priorités souvent contradictoires de la politique de santé publique. Il est difficile de trouver un équilibre entre, d’une part, les avantages potentiels pour les fumeurs adultes qui s’efforcent d’arrêter de fumer et, d’autre part, les risques réels d’initiation des jeunes et les conséquences inconnues à long terme de l’utilisation de la cigarette électronique. Le débat en cours sur les cigarettes mentholées complique encore la question, mettant en évidence les facteurs socio-économiques complexes qui entrent en jeu dans la réglementation du tabac.