Dans le paysage férocement concurrentiel de la mode, l’innovation gouverne souvent le navire, nous emmenant dans des voyages capricieux vers l’avant-garde. Et pourtant, la collection HED MAYNER Printemps/Été 2024 nous rappelle le pouvoir discret de revisiter, de réaménager et de réimaginer le quotidien. Dans sa quête pour redéfinir les “vêtements ennuyeux”, Mayner démontre une capacité extraordinaire à défier le statu quo, fusionnant sans effort le conventionnel et l’avant-garde dans une danse harmonieuse de tradition et de rébellion.
Dans ce que Mayner qualifie affectueusement de « vêtements ennuyeux » – le costume omniprésent, le chino, la chemise en popeline de coton, le pull-over – il découvre une beauté dormante, un sens de familiarité et de reconnaissance qui engendre confort et chaleur. S’inspirant des pièces portées par nos frères, pères, grands-pères et partenaires, le créateur sculpte un espace de ‘normalité’ dans le domaine de la haute couture.
« Je suis constamment attiré par le plus dramatique, mais cette collection est une célébration du confort et de la normalité« , explique Mayner, soulignant son engagement envers l’éthos du quotidien.
Son artisanat explore la tension entre le corps et le vêtement, une danse complexe de résistance et d’acceptation. Grâce à son processus de conception, il insuffle une nouvelle vie aux vêtements vintage en les inversant, les superposant et réorientant les pièces jusqu’à ce que leur forme familière soit réutilisée, remodelée.
Dans les mains de Hed Mayner, un survêtement ordinaire devient une déclaration architecturale, avec son essence structurelle mise à nu. Les poches cachées dans un haut à manches longues en résille laissent deviner les contours des objets personnels. Des vestes collées ensemble racontent une histoire de minimalisme esthétique, tandis que des chemises combinées, minutieusement cousues ensemble, défient la silhouette conventionnelle.
La palette de matériaux de cette collection est une exploration tactile. Des tissus de tailleur britanniques souples, du gabardine dodu, du sergé sharkskin, du Tyvek froissé, et du seersucker bosselé collaborent pour former un ensemble qui est “sec au toucher”, juxtaposant la texture et la forme. Les vêtements ne sont pas simplement du tissu mais une évolution réfléchie de l’esthétique traditionnelle.
Empruntant au passé, Hed Mayner continue le thème de la couture pressée et rétrécie. Les vestes sont superposées plutôt que doublées, un gilet multi-poches émerge comme une pièce de bagage indépendante, une chemise à rayures capture et maintient sa propre forme. Même une paire de pantalons formels est réimaginée, avec les poches et les plis déplacés vers l’avant.
Cette collection marque la deuxième saison du partenariat de Mayner avec Reebok, lui onnant l’occasion d’expérimenter avec la mythique sneaker BB 5600 de la marque et son survêtement emblématique. De plus, la collaboration avec Quoddy, réputée pour la confection à la main de mocassins et de chaussures de bateau de Nouvelle-Angleterre, ajoute une touche de charme vintage à l’assortiment.
Rien de tout cela n’est étrange ou dramatiquement abstrait. C’est une nouvelle silhouette, un geste inattendu, sculpté à partir du « banal« . C’est l’énoncé éloquent de la collection HED MAYNER Printemps/Été 2024 qui nous met au défi de trouver l’extraordinaire dans le quotidien. Dans son monde, rien n’est jamais simplement ordinaire.
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