« Jeanne du Barry » de Maïwenn peine à impressionner malgré sa grandeur

Par Olivier Delavande 15 vues 5 Minutes de lecture

« Jeanne du Barry« , la sélection de la soirée d’ouverture du Festival de Cannes, est une exploration dramatique de la célèbre liaison entre la légendaire courtisane et Louis XV, et du scandale conséquent qu’elle a provoqué au Château de Versailles​​.

Maïwenn, l’actrice-réalisatrice-scénariste à l’origine de ce film, a la réputation de diviser les publics avec son travail. Ses efforts réussis, comme « Polisse« , sont marqués par des performances d’ensemble captivantes qui font écho au dynamisme de John Cassavetes. Cependant, ses aventures moins réussies, comme « ADN« , sont souvent critiquées comme étant des selfies d’art-house exagérés avec Maïwenn au centre​​.

Son dernier projet, « Jeanne du Barry« , un biopic de la célèbre courtisane française du XVIIIe siècle, était attendu pour provoquer une réaction tout aussi forte. Pourtant, malgré sa production opulente et sa multitude de costumes accrocheurs, certains gracieusement prêtés par Chanel, le film laisse étonnamment le public indifférent, décrit comme beau, mais fade​​.

Le cadre et l’intrigue du film sont en effet convaincants, avec de nombreuses scènes tournées dans et autour du véritable Château de Versailles et une histoire de la misère à la richesse, mais Maïwenn ne parvient pas à exploiter efficacement ces éléments​​.

Le casting de Johnny Depp en tant que roi intrigue initialement, mais perd rapidement de son charme. Sa performance est compétente, tout comme celle de Maïwenn dans le rôle principal, mais aucun des deux ne parvient à donner du rythme au film. Le résultat est un beau film d’époque qui tombe à plat et manque de profondeur, loin de l’intrigue scandaleuse que l’on pourrait attendre de la collaboration de ces deux figures avec leur part de controverses​​.

L’histoire de Jeanne du Barry a été visitée par le grand écran à plusieurs reprises, avec des instances notables comme le film muet d’Ernst Lubitsch « Passion » et « Madame du Barry » de William Dieterle. Plus récemment, Asia Argento a incarné la célèbre maîtresse du roi dans « Marie Antoinette » de Sofia Coppola. Ce rôle, affirme Maïwenn, l’a motivée à réaliser sa propre version de la vie de la courtisane​​.

En collaboration avec les scénaristes Teddy Lussi-Modeste et Nicolas Livecchi, Maïwenn conçoit une histoire classique de Cendrillon ornée d’une tenue extravagante. Le récit tourne principalement autour de l’ambition de du Barry pour la richesse et le statut social, avec peu d’attention accordée au climat socio-politique de la bulle de Versailles qui a permis son ascension​.

Le segment le plus captivant du film se déroule avant l’introduction du palais. Le public assiste à la remarquable ascension sociale de Jeanne Bécu, une roturière et fille illégitime d’une couturière, alors qu’elle se fraye un chemin à travers les bienfaiteurs et les amants​​. La direction de Maïwenn dans ces séquences montre une autorité détachée et froide, qui rappelle « Barry Lyndon » de Kubrick. Elle peint un portrait bref mais convaincant d’une jeune femme qui n’a que deux choix : la Bible ou la chambre​.

Jeanne du Barry Maïwenn Film

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Le choix de Bécu d’utiliser sa beauté et son intellect en sa faveur la propulse au sommet, attirant les riches et les royaux qui la vénèrent comme une nouvelle marchandise. Cette intelligence est évidente dans une scène puissante où Bécu, présentée comme une lectrice vorace et une tutrice capable, cherche la paix dans une baignoire, pour être perturbée avec méchanceté par le Comte du Barry​​.

Malgré la grandeur et l’intrigue historique, « Jeanne du Barry » peine à livrer un récit captivant. Il a les attraits d’un drame royal scandaleux mais manque de cœur et de substance pour engager le public. Le résultat est un film beau, mais finalement fade, qui laisse les spectateurs désirant l’intensité ardente que promettaient les œuvres précédentes de Maïwenn. Le personnage historique de Jeanne du Barry méritait une représentation plus engageante et nuancée que celle offerte dans ce film.

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