La collection Printemps 2025 de Maison MIHARA YASUHIRO est une exploration ludique et stimulante de l’identité, de l’enfance et du concept en constante évolution de ce que signifie être humain dans notre monde dominé par la technologie. Le défilé, intitulé à juste titre “Persona Part Five”, s’est penché sur les complexités de l’expression de soi, remettant en question les masques que nous portons et les vulnérabilités que nous cachons sous eux.
Mihara Yasuhiro, le créateur de la marque, s’est inspiré de ses propres expériences d’enfance et de la personnalité naissante de son enfant. Cette approche introspective s’est traduite par une collection qui brouille les frontières entre l’émerveillement de l’enfant et la nervosité de l’adulte. Des vêtements surdimensionnés qui rappellent les jeunes empruntant les vêtements de leurs parents, juxtaposés à l’esprit cool de Mihara.
La nature déconstruite des pièces en dit long. Les jeans sans dos exposent la peau nue, symbole de l’abandon des façades. Des jambes doubles, voire triples, jaillissent des pantalons, défiant les notions traditionnelles de forme et de fonction. Une robe à paillettes dorées était suspendue de manière asymétrique, avec un bras délibérément dénudé. Ces éléments ludiques remettent en question l’idée même du vêtement en tant qu’entité statique, le proposant comme une expression fluide du moi.
Les chemises et les vestes étaient superposées et surdimensionnées, créant un sentiment de maladresse juvénile. Cette vulnérabilité était encore accentuée par l’utilisation d’autocollants d’étoiles et de cœurs ornant des pantalons de survêtement et des vestes de corvée. Le message était clair : sous l’apparence cool se cache une aspiration à des temps plus simples, un désir de retrouver un peu de l’innocence de l’enfance.
Ce sentiment s’étend également aux accessoires. Les sacs en forme de dinosaures et d’oursons apportent une touche de fantaisie, tandis que les chaussures sont dotées de talons en canard en caoutchouc et de poignées de sac à main en forme de banane. Il s’agissait d’un délicieux mélange de légèreté et d’une exploration plus profonde du pouvoir qu’ont les vêtements de façonner notre identité.
Cependant, la collection n’était pas que soleil et arc-en-ciel. Entre les éclats de joie du karaoké orchestrés par des membres du public qui chantaient des airs classiques, la bande-son du spectacle plongeait dans des moments de musique inquiétante. Ce contraste saisissant nous rappelle l’inévitable obscurité qui se profile à l’horizon, une obscurité tenue à distance, pour un moment fugace du moins, par la seule force de la joie collective.
© Photos : Maison MIHARA YASUHIRO