La météorite McDonough, qui s’est écrasée sur une maison en Géorgie, est plus ancienne que la Terre

Tombée en Géorgie en juin, la météorite McDonough révèle un âge de 4,56 milliards d'années. Plus vieille que la Terre, elle provient de la ceinture d'astéroïdes située entre Mars et Jupiter.

Par
Olivier Delavande
Fils d’un père français et d’une mère vietnamienne, Olivier Delavande a baigné dans une double culture qui a façonné sa curiosité et son ouverture d’esprit dès...
9 Minutes de lecture
La météorite McDonough - © Photo : Cade Massey

Un visiteur venu des confins de l’espace a récemment fait une entrée fracassante sur notre planète, mettant fin à son long voyage dans une maison de la banlieue d’Atlanta. Cet événement spectaculaire a permis aux scientifiques de mettre la main sur un objet exceptionnel : la météorite McDonough.

Ce caillou céleste de la taille d’une tomate cerise s’avère en effet plus ancien que notre planète elle-même.

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Un impact spectaculaire au cœur de l’Amérique !

Le 26 juin, vers 12 h 30, de nombreux témoins dans le sud-est des États-Unis ont levé les yeux au ciel, intrigués par une boule de feu traversant l’atmosphère en plein jour.

Ce bolide, comme les spécialistes nomment ces météores particulièrement brillants, n’était pas un simple spectacle lumineux. Il s’agissait d’un fragment d’astéroïde en route pour un atterrissage forcé. Sa course s’est achevée dans la petite ville de McDonough, en Géorgie, où il a traversé le toit d’une maison avant de finir sa course sur le sol du salon.

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La météorite a laissé une marque profonde dans le sol. L’impact a produit un bruit comparable à un coup de feu tiré à bout portant.

Le propriétaire des lieux, qui a souhaité garder l’anonymat, a vécu un moment inoubliable. Les fragments de la roche extraterrestre ont rapidement été confiés à des experts pour percer leur mystère. C’est là qu’intervient Scott Harris, géologue planétaire à l’université de Géorgie, dont l’expertise en matière d’impacts est reconnue.

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« Je soupçonne qu’il a entendu trois choses simultanément. La première était la collision avec son toit, la deuxième était un petit cône de bang sonique et la troisième était l’impact au sol, le tout en même temps », explique Scott Harris, le professeur de géologie à l’université de Géorgie.

Son travail consistait à déterminer la nature et l’origine de ces fragments. « Ce météore particulier qui est entré dans l’atmosphère a une longue histoire avant d’arriver sur le sol de McDonough », explique le chercheur. « Pour bien comprendre cela, nous devons examiner la roche et déterminer à quel groupe d’astéroïdes elle appartient. »

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Une analyse révélatrice au microscope

Harris a reçu 23 grammes des 50 grammes récupérés dans la maison. Grâce à la microscopie optique et électronique, il a pu identifier cette roche comme une chondrite ordinaire à faible teneur en métaux.

Cette classification technique cache toutefois une réalité saisissante. La météorite s’est formée il y a 4,56 milliards d’années. Notre Terre n’existait pas encore, puisqu’elle n’a que 4,54 milliards d’années.

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Ce petit caillou, qui a atterri en Géorgie, est donc né avant même l’apparition de notre monde, dans le nuage de gaz et de poussière à partir duquel le Soleil et les planètes se sont formés. Il s’est formé en présence d’oxygène, ce qui fournit des indices précieux sur les conditions chimiques qui régnaient à cette époque lointaine.

« Cette météorite particulière, qui a pénétré dans l’atmosphère, a une longue histoire avant d’atterrir sur le sol de McDonough », souligne Harris.

Les traces d’un passé cosmique mouvementé

L’origine de cette roche révèle un épisode dramatique de l’histoire spatiale. Elle provient de la ceinture principale d’astéroïdes, située entre Mars et Jupiter.

« Elle appartient à un groupe d’astéroïdes de la ceinture principale située entre Mars et Jupiter, que nous pensons pouvoir relier à la rupture d’un astéroïde beaucoup plus gros il y a environ 470 millions d’années », précise le scientifique.

Cette fragmentation ancienne a projeté des débris sur des orbites qui croisent celle de la Terre. Après des millions d’années de voyage, l’un de ces fragments a fini par entrer en collision avec notre planète.

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Un visiteur redoutable malgré sa petite taille

La vitesse d’entrée dans l’atmosphère était de 47 000 kilomètres par heure. Malgré le ralentissement causé par l’air, la roche conservait une énergie considérable au moment de l’impact.

« Quand ils rencontrent la Terre, notre atmosphère est très efficace pour les ralentir », note Harris. « Mais vous parlez de quelque chose qui fait deux fois la taille d’une balle de calibre 50, se déplaçant à au moins 1 kilomètre par seconde. C’est comme parcourir dix terrains de football en une seconde. »

L’énergie de l’impact a pulvérisé une partie du matériau en poussière microscopique. Le propriétaire de la maison continue de découvrir des particules spatiales dans son salon.

La météorite McDonough, qui s'est écrasée sur une maison en Géorgie, est plus ancienne que la Terre
Scott Harris, chercheur à l’UGA, tient un fragment de la météorite McDonough – © Photo : Andrew Davis Tucker

La Géorgie, terre d’accueil des météorites ?

Cette découverte marque un record pour l’État de Géorgie. La météorite McDonough devient ainsi la 27e météorite officiellement répertoriée dans cet État depuis sa fondation en 1788.

Plus remarquable encore, il s’agit de la sixième météorite dont la chute a été directement observée par des témoins. Cette fréquence inhabituelle s’explique par les progrès technologiques actuels.

« Auparavant, on s’attendait à ce que cela se produise une fois toutes les quelques décennies, et non plusieurs fois en 20 ans », observe Harris. « La technologie moderne et l’attention du public vont nous aider à récupérer de plus en plus de météorites. »

Une reconnaissance scientifique internationale

L’équipe de Harris collabore avec des collègues de l’université d’État de l’Arizona pour soumettre ses résultats au comité de nomenclature de la Société météoritique. Cette démarche officielle permettra d’enregistrer définitivement le nom de « Météorite McDonough ».

Les météorites reçoivent traditionnellement le nom de leur lieu de découverte. Cette tradition perpétue le lien entre ces messagers cosmiques et les communautés qui les accueillent.

Des enjeux cruciaux pour l’avenir de l’humanité

L’analyse de ces fragments dépasse le simple intérêt scientifique. Elle nous aide à comprendre les menaces potentielles venues de l’espace.

« Un jour, il y aura une opportunité, et nous ne savons jamais quand cela va arriver, pour que quelque chose de gros frappe et crée une situation catastrophique », avertit Harris. « Si nous pouvons nous protéger contre cela, nous le voulons. »

Cette recherche s’inscrit dans le cadre d’un programme mondial de surveillance spatiale. Comprendre la composition et le comportement des météorites permet d’anticiper les risques d’impacts futurs.

Une conservation précieuse pour les générations futures

La météorite sera conservée à l’université de Géorgie pour y mener des analyses complémentaires. D’autres fragments récupérés dans la région seront exposés au Tellus Science Museum de Cartersville.

Cette double approche garantit la poursuite des recherches scientifiques et la sensibilisation du public. Les visiteurs du musée pourront ainsi admirer un témoin authentique de l’histoire de notre système solaire.

Harris prévoit de publier un article détaillé sur la composition de cette météorite dans l’année à venir. Ces données enrichiront notre connaissance des processus de formation planétaire qui ont façonné notre système solaire il y a plus de quatre milliards d’années.

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