Rick Owens, leader incontesté de la ligue anti-intolérance de la mode, a organisé jeudi à son domicile parisien un défilé aussi accrocheur que profondément émouvant. La collection Automne 2024 de Rick Owens, qui brandit le drapeau des vêtements sombres et radicaux susceptibles de donner la chair de poule à certains, est synonyme de dignité, de défi et, surtout, d’espoir.
Oubliez l’esthétique à l’emporte-pièce vendue dans les rayons beauté des aéroports. La collection d’automne d’Owens est un hurlement de rébellion contre la tyrannie de la banalité. Pensez à des vestes bouffantes géantes qui engloutissent la tête et qui ressemblent au casque de Dark Vador devenu rebelle, ou à des cardigans volumineux qui pourraient envelopper deux grands-pères. Ce sont des cris de guerre de la mode, des métaphores contre la cupidité et l’intolérance qu’Owens considère comme la racine de tous les conflits.
Des cuirs de motards féroces, de luxueuses boucles en peau de chèvre et des bottes gonflables qui ne dépareilleraient pas dans une odyssée spatiale futuriste – le défilé de Rick Owens est une célébration de l’anticonformisme. Il qualifie les proportions de “grotesques et inhumaines”, une réponse délibérée au “comportement humain décevant” qui sévit à notre époque.
Rick Owens, un “enfant flamboyant et sensible” qui a connu l’intolérance en grandissant à Porterville, en Californie (d’où le titre du défilé), considère que son rôle est de présenter des alternatives. Ses vêtements sont un contrepoint aux normes de beauté homogénéisées imposées par l’industrie de la mode.
“C’est se moquer de la banalité, de l’intolérance et de ce qui est considéré comme du bon goût et de ce qui est considéré comme approprié”, dit-il, ses mots résonnant dans les salons hauts de plafond de son appartement parisien. Les parquets, usés et non polis, et la peinture écaillée des moulures ajoutent à l’atmosphère brute et intime de l’exposition.
La chanson “Warszawa” de Bowie résonne dans l’air tandis que les mannequins se pavanent dans leurs ensembles d’un autre monde. Des capes de super-héros en fourrure et des combinaisons d’astronautes à l’allure de Chewbacca en promotion ajoutent à l’ambiance futuriste. Toujours rêveur, Rick Owens considère le futurisme comme une aspiration à quelque chose de meilleur, une “frustration face au statu quo” et une envie d’un monde plus magique.