La marque de mode italienne indépendante Simon Cracker a présenté une collection qui a suscité des réactions lors de la semaine de la mode de Milan, offrant un commentaire acerbe sur l’état actuel du système de la mode de luxe. La collection Simon Cracker Automne 2025, entièrement réalisée à partir de matériaux recyclés et de stocks morts, s’attaque directement à ce que les créateurs perçoivent comme un déclin de la créativité et de la valeur authentiques au sein de l’industrie. Cette approche constitue un message fort dans un monde souvent saturé de tendances éphémères et de prix exorbitants.
Les codirecteurs créatifs Simone Botte et Filippo Biraghi ont bâti une marque connue pour son approche non conventionnelle. Cette saison, ils se sont concentrés sur le décalage entre le prix et la valeur des produits de luxe, un sentiment qui trouve un écho chez de nombreux consommateurs aujourd’hui. Ils pensent que les gens sont devenus désillusionnés par la mode après avoir été trompés pendant des années par des stratégies marketing et des prix exorbitants. Les problèmes mondiaux actuels, des multiples guerres au changement climatique en passant par les difficultés économiques, accentuent encore ce fossé grandissant.
La collection elle-même est une critique ludique mais pointue. L’une des références humoristiques les plus marquantes est la réplique humoristique du sac Birkin d’Hermès. Au lieu de reproduire directement le sac emblématique, les créateurs ont incorporé ses accessoires distinctifs à d’autres sacs en cuir ou ont imprimé des images du Birkin sur des pulls. Cette subversion intelligente met en évidence l’importance obsessionnelle accordée aux symboles de statut sur le marché du luxe.
Les designers ont trouvé une inspiration inattendue dans la « contrefaçon » du Birkin de Walmart, qui a fait couler beaucoup d’encre. Cet événement, qui a coïncidé avec leur processus de conception, a renforcé leur message sur l’accessibilité et l’effacement des lignes entre la haute couture et les produits de masse. Cette coïncidence est devenue un élément pertinent de son message.
La collection de Simon Cracker présente également une interprétation humoristique du stéréotype de la « sciura » milanaise, une femme riche connue pour son style classique. Ce résultat a été obtenu grâce à l’utilisation de vêtements en tweed excentriques, agrémentés d’un foulard traditionnel et même d’un petit chien en guise d’accessoire. Les créateurs exagèrent de manière ludique certains aspects de cet archétype.
Chaque pièce de la collection est unique, fabriquée à partir de vêtements provenant de nettoyeurs à sec et d’autres sources. Cette volonté de recyclage garantit l’absence d’éléments identiques dans la collection. Les mannequins qui ont présenté la collection ont incarné une certaine attitude, avec des postures décontractées et des marches exagérées, ce qui a ajouté à l’aspect théâtral du défilé.
La marque a poursuivi sa collaboration avec Doc Martens en ajoutant des ballerines en trompe-l’œil aux bottes emblématiques. Cette association inattendue a ajouté une nouvelle dimension ludique à la collection.
L’utilisation créative des matériaux est un autre élément clé. Les jupes, les cols et les franges décoratives ont été fabriqués à partir de matériaux d’emballage brillants, tandis que des rubans ont orné les chaussures. Ces choix non conventionnels soulignent l’engagement de la marque à faire preuve d’ingéniosité et à rejeter les matériaux traditionnels du luxe.
L’exposition s’est terminée par une déclaration visuelle puissante : un vêtement entièrement recouvert d’étiquettes de luxe collectées dans la garde-robe personnelle de Biraghi au fil des ans. Cette dernière pièce était un symbole puissant de la critique des designers à l’égard de la richesse excessive et de la nature parfois superficielle de la consommation de luxe.