La collection automne 2025 d’EGONLAB, intitulée « S4LEM », associe un tailoring pointu à une exploration audacieuse de l’identité, se positionnant comme une déclaration en faveur des outsiders et des persécutés. Les créateurs Florentin Glémarec et Kévin Nompeix ont canalisé l’héritage obsédant des procès de sorcières du XVIIe siècle dans une collection qui allie drame et luxe portable, prouvant que la mode masculine peut être à la fois politiquement pertinente et impeccablement confectionnée.

La collection s’ouvre sur un manteau noir frappant, avec un col et des poignets blancs mousseux, en clin d’œil à la romance gothique, sans toutefois dévier vers le costume. Ce manteau donne le ton à des pièces qui mettent l’accent sur des proportions raffinées et une audace subtile. Les ensembles aux tons neutres, tels que les hauts en maille fine associés à des pantalons de tailleur et à de longues écharpes, sont polyvalents, tandis que les vêtements d’extérieur sont mis en avant en tant que pièces maîtresses. Un trench-coat volumineux avec des manches exagérées et une ceinture épaisse dégage de l’autorité, tandis que des pardessus pailletés en violet profond et en mauve ajoutent de l’opulence.
Les silhouettes surdimensionnées, signature des créateurs Glémarec et Nompeix, réapparaissent dans une veste sportive à double rayure et au col imposant, alliant athlétisme et structure affûtée. La collaboration du duo avec Zadig & Voltaire donne naissance à des sacs à main qui allient praticité et élégance, même si les franges en cuir risquent de faire écho à des modèles déjà connus. Néanmoins, l’exécution générale reflète la confiance — une caractéristique de l’évolution d’EGONLAB.
Les sous-entendus politiques couvent sous la surface. Les créateurs considèrent les minorités (queer, trans, noires, brunes, immigrées) comme « les nouvelles sorcières de Salem », établissant des parallèles entre les persécutions historiques et la marginalisation moderne. Cette philosophie se traduit par des vestes de tailleur aux coupes allongées et aux cols hauts qui célèbrent l’esthétique queer, offrant des silhouettes à la fois précises et fluides. Les blazers à un seul bouton, à la taille cintrée et aux manches arrondies sont des pièces phares, susceptibles de trouver un écho auprès du public de la marque, soucieux de son style.
L’automne 2025 marque la maturation d’EGONLAB. Nompeix insiste sur le fait qu’il faut aller au-delà de l’étiquette de « jeune marque », et la collection est à la hauteur. Les vêtements semblent pensés avec soin, du drapé lisse des manteaux à paillettes au volume contrôlé des cols. Même les touches ludiques, comme les breloques de poupées vaudou de la collaboration avec Zadig & Voltaire, évitent le gadget et ajoutent de la fantaisie à des looks soignés.
L’accueil réservé au défilé a laissé entrevoir des promesses commerciales. Les participants ont salué l’équilibre entre élégance et rébellion, une formule qui pourrait consolider la place d’EGONLAB dans la mode masculine moderne. Si toutes les expériences n’ont pas été couronnées de succès – les détails des franges semblaient dérivés -, l’essentiel de la collection témoigne d’une marque qui n’a pas peur de mélanger la substance et le style.