La collection Automne 2025 de Patricio Campillo s’est présentée comme une déclaration d’identité audacieuse, mêlant l’héritage mexicain à la fantaisie du réalisme magique. Le créateur d’origine mexicaine, qui connaît aujourd’hui un succès grandissant à la Fashion Week de New York, a présenté une collection alliant précision technique et narration culturelle. Des costumes cousus à la main aux pièces phares ornées de plumes, le travail de Campillo célèbre ses racines tout en redéfinissant la mode masculine moderne.
Le défilé s’est ouvert sur une déclaration : un mannequin portant un t-shirt orné de l’inscription « Golfo de México ». Ce clin d’œil assumé aux origines de Campillo a donné le ton d’une collection empreinte de symbolisme. Inspiré par les traditions surréalistes de l’Amérique latine — pensez aux contes mystiques de Gabriel García Márquez et aux peintures oniriques de Remedios Varo — Campillo a transformé des vêtements quotidiens en pièces fantastiques. Des pantalons torsadés, des ceintures de type corset et des jambières en cuir ont subverti la couture charro classique, fusionnant l’austérité masculine avec une féminité fluide. « Je voulais objectiver le charro », a-t-il plaisanté dans les coulisses, « parce qu’il est sexy ».
La maîtrise technique a ancré le fantasme. Les costumes en laine, soie et lin portaient des plis pressés à la main, un processus laborieux qui nécessitait des heures d’épinglage, de repassage et de fusion. Une veste en cuir était suffisamment rigide pour défier la gravité, tandis qu’une dernière pièce scintillait de 2 500 plumes de coq. Le manque de formation formelle de Campillo semblait sans importance ; son savoir-faire rivalisait avec celui des maisons établies. « C’est de la demi-couture », a-t-il déclaré, une affirmation étayée par des détails méticuleux tels que des boutons plaqués argent qui rappellent les feuilles de palmier des plantations de café.
Le romantisme imprégnait les silhouettes : les hauts drapés, les pantalons palazzo exagérés et les manteaux fluides coulaient avec aisance. Cependant, les motifs mexicains ancraient l’immatériel : les manches brodées, le denim évasé et les accents en peau de mouton ajoutaient de la vivacité. Campillo a également revisité les basiques de la mode masculine en associant des blazers double face froissés à des chemises bouffantes, prouvant ainsi que la tradition peut être rafraîchissante.
Au-delà de l’esthétique, la collection a discrètement remis en question les stéréotypes. En choisissant des mannequins latinos et en réinventant les symboles culturels, Campillo a rejoint des créateurs comme Willy Chavarria pour redéfinir la représentation des Latinos. « Les vêtements ne sont pas politiquement verbaux, mais ils véhiculent un point de vue », a-t-il noté.