Sous la surface de l’emblématique maison de couture française Courrèges se cache une particularité fantaisiste souvent négligée, une couche unique de son identité née de l’esprit inventif de son fondateur, André Courrèges. Cette bizarrerie intrinsèque, souvent masquée par les paillettes de la haute couture, a trouvé un ardent défenseur en la personne de l’actuel directeur de la création de la marque, Nicolas di Felice. Avec la collection courrèges Printemps/Été 2024, di Felice ne se contente pas de plonger dans cette délicieuse excentricité, mais l’embrasse pleinement, émergeant avec une collection étonnamment décalée qui redéfinit l’audace dans le style.
Bienvenue dans le monde de courrèges, où l’absurde coexiste avec le sublime, où une simple feuille de métal peut être une chaussure, et où la mode trouve sa liberté dans son interprétation ludique des règles. Quand on pense savoir à quoi s’attendre avec la collection Printemps/Été 2024, elle vous surprend, soulignant l’éthique centrale de courrèges – tout est dans l’inattendu.
Le récit se tisse de manière fluide, passant d’un contexte urbain de mannequins penchés sur leur téléphone portable à un voyage poignant de découverte de soi, se prélassant dans l’éclat des projecteurs et des bijoux en pendentifs chromés. Un désir passionné d’évasion et d’hédonisme s’infiltre dans toute la collection et prend vie grâce à la réimagination vivante par di Felice du film phare de Michelangelo Antonioni, “Zabriskie Point”.
“J’ai été profondément touché par la lutte des personnages pour une cause et par leur décision de s’exiler dans un désert d’une beauté saisissante. Cela m’a donné l’idée d’un été éternel”, a expliqué M. di Felice. Son engagement à transposer le sentiment du film sur le podium a abouti à une fusion irrésistible entre l’ancien et le nouveau.
La collection commence par des pièces sur mesure saisissantes, en commençant par une silhouette à une épaule dramatique et évoluant vers un séduisant une-pièce habillé asymétrique. Au fil de la narration, ces styles ordonnés se déconstruisent progressivement, reflétant la transformation des personnages à leur arrivée dans le désert. Les rayures vives se tordent et se froncent, et une veste sobrement retenue est audacieusement fendue pour exposer le corps, présentant un charme provocateur intriguant.
L’attrait audacieux de la collection est renforcé par les tee-shirts dont les manches en côtes noires se terminent par une lanière de cuir sur un côté, en hommage à l’esthétique provocante de Robert Mapplethorpe. Ailleurs, les jeans à pattes d’éléphant s’élargissent et s’évasent, signifiant un horizon en expansion de possibilités stylistiques. Les pièces les plus frappantes, cependant, sont les robes et les jupes conçues à partir de cercles drapés autour du corps pour ressembler au logo courrèges, et la pièce finale – un débardeur pour homme dans un imprimé transparent ressemblant à l’arc-en-ciel, baptisé “l’aura” par di Felice.
Ces détails complexes font de la version de courrèges de di Felice un modèle à part dans un déluge de renaissances de marques. La collection courrèges Printemps/Été 2024 construit sa propre contre-culture de plaisir et de sensualité, redéfinissant les frontières de la mode avec une touche typiquement courrèges. “En fin de compte, c’est une question de désir”, explique M. di Felice. “Vous le voulez et vous allez le chercher”. Cette saison, ce désir se trouve dans l’imagination joyeusement excentrique d’André Courrèges, brillamment réimaginée par Nicolas di Felice.
© Photos : courrèges
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