WhatsApp lance enfin ses premières publicités dans son application de messagerie

WhatsApp introduit des publicités dans la section « Actus », tout en préservant le chiffrement des messages, ce qui permet à Meta de générer une nouvelle source de revenus importante, malgré les défis liés à la confidentialité.

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Christian Morizot
Christian Morizot
Pigiste ardu
Christian Morizot, c’est un peu le couteau suisse du numérique : pigiste depuis presque dix ans, il a roulé sa bosse dans la tech et le...
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© Photo : Meta

WhatsApp franchit une étape majeure avec l’introduction de publicités dans son application, marquant une rupture avec sa philosophie originelle axée sur l’absence d’annonces commerciales. Cette décision représente un tournant stratégique pour Meta, qui exploite désormais cette plateforme utilisée par deux milliards de personnes à travers le monde.

Une monétisation longtemps attendue

L’application de messagerie a annoncé lundi dernier qu’elle commencerait à diffuser des annonces publicitaires pour la première fois de son histoire. Ces promotions apparaîtront exclusivement dans la section « Actus », utilisée quotidiennement par environ 1,5 milliard d’utilisateurs. Cette zone de l’application permet aux entreprises et créateurs de diffuser des contenus à grande audience.

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Meta mise sur cette nouvelle source de revenus alors que l’entreprise investit massivement dans l’intelligence artificielle et d’autres technologies émergentes. L’analyste Brian Wieser, fondateur du cabinet de conseil Madison and Wall, souligne qu’il n’existe « aucun précédent pour commercialiser directement une application de messagerie de la taille de WhatsApp ». Il ajoute que cela pourrait représenter « une grande opportunité commerciale », car « c’est un marché qui n’existe pas vraiment actuellement ».

Le respect de la vie privée au cœur des préoccupations

WhatsApp collectera certaines données utilisateurs afin de cibler les annonces, notamment la localisation et la langue par défaut de l’appareil. Toutefois, l’entreprise affirme qu’elle ne touchera pas au contenu des messages ni aux informations sur les contacts des utilisateurs. Nikila Srinivasan, vice-présidente de la gestion produit chez WhatsApp, précise : « Réfléchir à travers le prisme de la confidentialité était incroyablement important pour la façon dont nous avons pensé amener ces fonctionnalités sur le marché ».

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Will Cathcart, responsable de WhatsApp, rassure les utilisateurs en déclarant : « Nous travaillons dur pour protéger la confidentialité des communications des gens ». Il ajoute que « certaines personnes n’utilisent WhatsApp que pour des discussions et appels privés, et rien ne change à ce sujet ».

La promesse du chiffrement de bout en bout reste intacte. Srinivasan confirme que « vos messages, appels et statuts resteront chiffrés de bout en bout ». Cette garantie technique constitue un pilier fondamental de l’identité de WhatsApp depuis sa création.

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Un changement radical de philosophie

Cette évolution marque une rupture avec les principes fondateurs de l’application. À l’origine de l’application en 2009, Jan Koum et Brian Acton s’étaient engagés à construire un moyen simple et rapide permettant aux amis et à la famille de communiquer en toute sécurité. Les deux fondateurs ont quitté l’entreprise il y a sept ans.

Depuis le rachat de l’application par Facebook pour 19 milliards de dollars en 2014, Mark Zuckerberg a concentré ses efforts sur le développement de WhatsApp, tout en intégrant l’application aux autres produits de Meta, notamment Instagram et Messenger. L’introduction de publicités représente une opportunité lucrative pour Meta, dont presque la totalité des 164 milliards de dollars de revenus de l’année dernière provenait de la publicité.

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Nouvelles fonctionnalités et modèles économiques

WhatsApp dévoile également des abonnements mensuels payants pour les créateurs de contenu, similaires aux offres de concurrents comme X, YouTube et Twitch. L’application permettra aussi aux utilisateurs et entreprises de promouvoir leurs « chaînes », qui sont des diffusions unidirectionnelles envoyées à de larges groupes de personnes.

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Meta diversifie ainsi ses sources de revenus inexploitées. L’entreprise a déjà introduit des services d’abonnement payants pour les créateurs sur Instagram et Facebook, et commence à diffuser des publicités sur Threads, son application de médias sociaux basée sur le texte.

L’entreprise génère déjà des revenus via WhatsApp grâce à ses autres produits. Sur Facebook et Instagram, les entreprises peuvent acheter de la publicité « cliquer pour envoyer un message », qui redirige les utilisateurs vers WhatsApp ou Messenger pour discuter directement avec l’entreprise. Cette fonctionnalité génère un flux de revenus de plusieurs milliards de dollars.

Défis et opportunités du marché publicitaire

Cependant, WhatsApp pourrait ne pas facturer aussi cher ses annonces que Facebook et Instagram, qui ciblent leurs utilisateurs en collectant de vastes quantités de données. Minda Smiley, analyste senior des médias sociaux chez eMarketer, explique : « La confidentialité étant un pilier central du modèle commercial de WhatsApp, je pense qu’il y a définitivement des défis » avec la poursuite d’un modèle publicitaire.

La part de Meta sur le marché publicitaire numérique mondial s’élève à environ 15 %, selon Brian Wieser. L’activité publicitaire de Meta se trouve « dans une position aussi forte maintenant qu’elle ne l’a jamais été ».

Préparation aux critiques et engagement en faveur de la sécurité

WhatsApp s’est préparé aux réactions négatives en rendant le partage de données avec d’autres applications appartenant à Meta pour le ciblage publicitaire optionnel. Les utilisateurs peuvent choisir de lier leurs comptes WhatsApp, Instagram et Facebook, ce qui permet aux annonces sur WhatsApp d’être basées sur les données collectées depuis ces plateformes.

L’application a récemment rejoint Apple dans un combat juridique contre les régulateurs britanniques qui tentent de briser le chiffrement des applications de messagerie. En 2023, Cathcart avait déclaré qu’il se battrait « bec et ongles » contre tout pays voulant affaiblir le chiffrement de WhatsApp, « c’est une base fondamentale de ce que nous sommes ». Cela ne changera jamais, même lorsque nous effectuons des mises à jour ».

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