Lors de la semaine de la mode de Milan, un titan du modernisme connu pour son minimalisme épuré a surpris même les yeux les plus aguerris. Neil Barrett, le roi des lignes épurées et du tailoring pointu, s’est aventuré en territoire inconnu cet automne : la nature sauvage. Mais n’ayez crainte, sa collection Automne 2024 ne consistait pas à abandonner la jungle de béton pour la flanelle et les feux de joie. Au contraire, il s’agissait d’un cours magistral sur la façon d’incorporer des éléments rustiques et de plein air dans son esthétique urbaine caractéristique, prouvant que même les garde-robes les plus modernes peuvent bénéficier d’une touche de nature sauvage.
Le génie de Barrett réside dans sa subtilité magistrale. Les coudières ne sont pas de simples ajouts utilitaires aux pulls en mohair et aux bombers en loden ; ce sont des ornements graphiques qui ajoutent une touche de charme robuste à ses silhouettes épurées. Les pantalons de chasse, réincarnés en gants élégants avec des languettes familières, évoquent une lignée ancestrale sans pour autant tomber dans le cosplay à proprement parler. Et ces pantalons qui descendent jusqu’aux chevilles, juchés sur des bottes épaisses de type Wellington, n’étaient pas seulement un clin d’œil à la tendance outdoor de la saison ; c’était une subversion calculée, une façon d’injecter une touche d’audace rebelle même dans le tailoring le plus traditionnel.
Dans les coulisses, au milieu du béton et du verre de son quartier général d’inspiration brutaliste, Barrett a parlé de ducs et de dandys. Le duc de Devonshire incarne l’élégance intemporelle qu’il cherche à insuffler à sa collection, tandis que le Thin White Duke de David Bowie incarne l’esprit rebelle qui permet de rester dans l’air du temps. Cette dualité intelligente reflète la tension au cœur de ses créations : un respect de la tradition, mais une soif d’innovation.
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Et il a innové ! Un pardessus camel classique, habituellement boutonné et digne, prend une toute nouvelle attitude lorsqu’il est porté ouvert, les mains nonchalamment enfoncées dans les poches inclinées – une subversion subtile de la formalité traditionnelle. Les jeans en denim, ces bêtes de somme de la décontraction, ont reçu un traitement similaire, leurs poches arrière étant transposées sur le devant, créant une insouciance avachie à la fois fraîche et familière. Même les vestes en tweed et les vestes de campagne, emblèmes de la noblesse terrienne, ont été revitalisées par des coutures angulaires et des poches zippées, leurs détails utilitaires recevant une touche urbaine distincte.
Le résultat ? Une collection à la fois ancrée et exaltante. Elle était aussi à l’aise dans le béton poli du siège de Barrett que dans la jungle urbaine. Des éléments robustes ont été tissés dans le tissu de sa signature élégante, créant un hybride sartorial qui est à la fois héritage et futur, tradition et rébellion. Neil Barrett, le maestro moderniste, a prouvé une fois de plus qu’il n’a pas peur de s’aventurer au-delà de sa zone de confort, et quand il le fait, les résultats ne sont rien de moins que splendides.
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