Kim Jones a annoncé son départ de DIOR Men, mettant fin à un mandat de sept ans en tant que directeur artistique des collections masculines. Célèbre pour avoir redéfini la mode masculine moderne grâce à des collaborations audacieuses et des défilés visionnaires, le créateur britannique laisse derrière lui un héritage qui a remodelé l’influence mondiale de la maison de luxe française. DIOR a fait l’éloge de M. Jones pour avoir accéléré la croissance internationale de sa ligne masculine, en fusionnant le tailoring classique avec l’art contemporain et en forgeant des partenariats qui ont jeté un pont entre la mode, la culture pop et le grand art.
Son départ fait suite à son dernier défilé pour la collection automne 2025 de DIOR Men, qui s’est déroulé dans un escalier d’un blanc immaculé à Paris. Quelques jours auparavant, il avait reçu la médaille de la Légion d’honneur française, couronnement symbolique de son travail au sein de la marque. Dans un communiqué, M. Jones a qualifié son passage chez DIOR de « véritable honneur » et a remercié les équipes du studio, le personnel et les dirigeants de LVMH, Bernard et Delphine Arnault, pour leur soutien. Delphine Arnault, PDG de Christian Dior Couture, a reconnu que M. Jones avait « constamment réinterprété l’héritage de la maison avec une véritable liberté de ton » et qu’il avait porté la mode masculine vers de nouveaux sommets créatifs.


Cette nouvelle alimente les spéculations sur la prochaine étape pour M. Jones et sur la personne qui pourrait lui succéder. Les initiés de l’industrie ont évoqué Jonathan Anderson, directeur créatif de LOEWE et autre favori de LVMH, comme candidat potentiel. DIOR n’a pas encore nommé de remplaçant, laissant le monde de la mode se demander si le rôle évoluera pour inclure des responsabilités créatives plus larges.
L’impact de Jones sur DIOR est indéniable. Arrivé en 2018 après un passage réussi chez Louis Vuitton, il a revigoré la mode masculine de la marque en alliant sophistication et sensibilité streetwear. Sa première collection comprenait une collaboration avec l’artiste Kaws, dont l’imposante sculpture « Companion » éclipse les mannequins vêtus de costumes élégants et de sacoches réimaginées. Cette fusion de l’art et de la mode est devenue l’une des caractéristiques de son mandat. Des collaborations avec Shawn Stussy, Travis Scott et Raymond Pettibon ont suivi, ainsi que des baskets en édition limitée comme la Air Jordan 1 OG DIOR, qui a attiré des millions de commandes en ligne en 2020.
Au-delà du produit, Kim Jones a transformé les défilés DIOR en une scène où l’on peut raconter des histoires. Ses défilés comprenaient un robot de 39 pieds, des répliques de la maison d’enfance de Christian Dior et une présentation de 2022 avec pour décor les pyramides de Gizeh, en Égypte. Ces spectacles soulignent sa conviction que la mode doit autant divertir qu’inspirer. « Il a ramené le sens du théâtre dans la mode masculine », note un critique parisien. « Chaque défilé ressemblait à un événement, pas seulement à un étalage de vêtements ».
Jones a également élargi la gamme de vêtements pour hommes de DIOR au domaine de la couture, en introduisant des tuniques brodées et des robes taillées sur mesure dont le prix s’élève à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Si les critiques ont parfois remis en question le caractère pratique de ces pièces, elles ont indéniablement attiré une nouvelle clientèle : des célébrités comme David Beckham, qui a porté un manteau du matin conçu par Jones lors du mariage du prince Harry en 2018, et des publics plus jeunes attirés par les collaborations de la marque qui suscitent l’engouement.
Son approche a permis d’équilibrer la tradition et la rébellion. Les silhouettes s’inspirent des vêtements masculins classiques, comme les manteaux à double boutonnage ou les bombers pointus, mais les tissus sont plus délicats, avec des bordures en dentelle et des blazers en soie qui adoucissent les lignes structurées. Les palettes de couleurs privilégient les roses et les gris sourds, un clin d’œil subtil aux racines féminines de DIOR. « La mode masculine n’a pas besoin d’être rigide », a fait remarquer Jones. « La mode masculine n’a pas besoin d’être rigide ; elle peut puiser dans n’importe quelle culture, pourvu qu’elle semble authentique. »


Son départ du créateur intervient trois mois après son départ de Fendi, où il occupait le poste de directeur artistique pour les femmes. Bien que ses collections Fendi aient reçu des critiques mitigées, son travail chez DIOR a été constamment acclamé, consolidant ainsi son statut de figure la plus influente de la mode. Diplômé du Central Saint Martins de Londres, Jones a commencé sa carrière sous la direction de John Galliano avant de lancer sa propre marque, puis de diriger dunhill et Louis Vuitton. Il a reçu quatre British Fashion Awards et le titre de créateur masculin international de l’année décerné par le CFDA.
Ses amis et collègues le décrivent comme un créatif curieux et itinérant, dont les centres d’intérêt vont de la botanique à la zoologie en passant par l’histoire de l’art. Cette curiosité éclectique imprègne ses collections DIOR Men, qu’il s’agisse de partenariats avec le potier sud-africain Hylton Nel ou de références au Bloomsbury Group. « Kim ne crée jamais dans le vide », déclare un collaborateur de longue date. « Il s’inspire toujours de la culture, des voyages ou de conversations avec des artistes. »
Les rumeurs concernant son successeur chez DIOR soulignent la fascination de l’industrie pour le vivier de talents de LVMH. Jonathan Anderson, qui dessine déjà pour LOEWE, est considéré comme un choix logique, étant donné sa capacité à équilibrer l’attrait commercial et le risque artistique. D’autres suggèrent que DIOR pourrait répartir les rôles entre la mode masculine et la mode féminine, même si Maria Grazia Chiuri, l’actuelle directrice de la mode féminine, reste en place.
Pour l’instant, M. Jones semble se concentrer sur la réflexion. Sa dernière collection DIOR Men, dévoilée la semaine dernière, a mis de côté les effets théâtraux au profit d’un savoir-faire raffiné : vestes ivoire aux silhouettes en sablier, manteaux en cuir taillés comme des sculptures. « Pas de collaborations, pas de statues géantes, juste des vêtements », a-t-il déclaré en coulisses. Son approche minimaliste a été perçue comme un moment de plénitude, faisant écho à la précision de ses premiers travaux.
On ne sait pas encore ce que Jones va faire à l’avenir. Certains spéculent sur un retour à sa propre marque, en sommeil depuis 2008, tandis que d’autres envisagent un rôle dans une autre marque patrimoniale. Quel que soit le chemin qu’il empruntera, son passage chez DIOR a laissé une marque indélébile. Comme l’a souligné Delphine Arnault, « il a rendu la mode masculine désirable d’une manière que nous n’avions jamais vue auparavant ».