Dans les mois à venir, un événement céleste unique devrait se produire : le système stellaire T Coronae Borealis (T CrB) devrait exploser dans une spectaculaire explosion de type nova. Situé à 3 000 années-lumière de la Terre, ce système binaire se compose d’une naine blanche et d’une géante rouge, la naine blanche siphonnant la matière riche en hydrogène de son compagnon. La matière volée s’accumule à la surface de la naine blanche et finit par atteindre une température critique, déclenchant un emballement de la réaction thermonucléaire qui aboutit à l’éblouissante explosion d’une nova.
T CrB est l’une des cinq seules novae récurrentes connues dans notre galaxie, les précédentes ayant été enregistrées en 1946, 1866, 1787 et 1217. Les astronomes ont observé que le système subit ces événements explosifs environ tous les 80 ans, ce qui fait de la prochaine explosion un événement très attendu. Le comportement erratique du système stellaire au cours de la dernière décennie suggère que la nova est imminente, les experts prévoyant qu’elle se produira entre février et septembre 2024.
Observer la nova d’un œil non averti
Lors de l’éruption de la nova, la luminosité de T CrB augmentera considérablement, passant de sa magnitude normale de +10 à une magnitude stupéfiante de +2. La nova sera alors aussi brillante que Polaris, l’étoile polaire, et sera visible à l’œil nu pendant plusieurs jours. Bill Cooke, responsable du Meteoroid Environments Office au Marshall Space Flight Center de la NASA, souligne la rareté de cet événement : “C’est un phénomène qui ne se produit qu’une fois dans une vie. Combien de fois peut-on dire qu’on a vu une étoile exploser ?”
Pour apercevoir cette merveille céleste, les observateurs du ciel doivent se familiariser avec la constellation de la couronne boréale (Corona Borealis). Ce petit arc semi-circulaire est situé près des constellations Bootes et Hercule, et c’est là que la nova apparaîtra sous la forme d’une “nouvelle” étoile brillante. Une fois que la nova aura atteint son pic de luminosité, elle restera visible à l’œil nu pendant plusieurs jours et pourra être observée aux jumelles pendant un peu plus d’une semaine avant de retomber dans l’obscurité, peut-être pendant encore 80 ans.
La science derrière le spectacle
Les novas, souvent décrites comme des “bombes à hydrogène” par l’astrophysicien Bradley Schaefer, résultent de l’appariement explosif entre une étoile normale et une naine blanche. L’intense attraction gravitationnelle de la naine blanche lui permet de voler à son compagnon de la matière riche en hydrogène, qui s’accumule à sa surface. Au fur et à mesure que la matière volée s’accumule, les couches inférieures sont de plus en plus comprimées et chauffées.
La température de la matière comprimée finit par atteindre le point d’ignition de l’hydrogène, ce qui déclenche une réaction nucléaire incontrôlée à l’origine de l’explosion apocalyptique connue sous le nom de “nova”. Alors que cet événement serait catastrophique pour les mondes voisins, les observateurs de la Terre, situés en toute sécurité à 3 000 années-lumière, peuvent s’émerveiller de la beauté de ce “cataclysme amusant et excitant à venir”, comme le dit le Dr Schaefer.