L’essentiel :
– Max Verstappen chute de la 5e à la 10e place après sa pénalité de 10 secondes pour collision délibérée avec Russell.
– Le Néerlandais totalise 11 points de pénalité sur 12 mois, à un seul point de la suspension automatique.
– L’écart au championnat passe à 49 points face au leader Piastri, compromettant ses chances de titre.
Le week-end barcelonais restera marqué par un nouvel épisode de tension entre les deux pilotes. Le Néerlandais de Red Bull a écopé d’une pénalité de dix secondes après avoir percuté délibérément la Mercedes du Britannique lors des derniers tours de la course. Cette sanction fait chuter le triple champion du monde, qui passe de la cinquième à la dixième place du classement final.
L’incident survient alors que la course semblait prendre une tournure favorable pour Max Verstappen, qui occupait la troisième position avant l’intervention de la voiture de sécurité. Red Bull avait opté pour une stratégie à trois arrêts, similaire à celle des McLaren, mais les choix limités lors de la neutralisation ont contraint l’équipe autrichienne à chausser des pneus durs sur la RB20.
Au redémarrage du 61ᵉ tour, Max Verstappen perd immédiatement deux positions face à Leclerc puis Russell. L’accrochage avec le pilote Ferrari passe relativement inaperçu, mais la manœuvre défensive de Verstappen contre Russell au premier virage provoque une sortie de piste. Son ingénieur de course, Gianpiero Lambiase, lui demande alors de rendre la position.
« Non, j’étais devant, mec. Qu’est-ce que tu fous ? » répond Verstappen dans les communications radio. Lambiase insiste : « Mais c’est le règlement. C’est le règlement avec lequel nous devons jouer. C’est dommage, mais c’est comme ça. »
La suite devient surréaliste. Verstappen semble ralentir à l’approche du cinquième virage pour laisser passer Russell, puis accélère brusquement lorsque la Mercedes est à sa hauteur. Le contact est inévitable et violent. Les commissaires de course estiment que Verstappen a « significativement réduit sa vitesse donnant l’impression de permettre à Russell de le dépasser » avant d’« accélérer soudainement et d’entrer en collision avec lui ».
Russell ne mâche pas ses mots après la course : « Totalement inutile et cela le dessert. Je ne sais pas à quoi il pensait. Cela n’a aucun sens de délibérément percuter quelqu’un et risquer d’endommager sa propre voiture, risquer une pénalité ». Le pilote Mercedes ajoute avec ironie qu’il a finalement bénéficié de ces « pitreries ».
La réponse de Max Verstappen reste dans le registre de la provocation : « J’apporterai des mouchoirs la prochaine fois. » Le Néerlandais reconnaît néanmoins une « erreur de jugement », mais refuse d’entrer dans les détails. Cette attitude désinvolte contraste avec la gravité de la situation.
La sanction de dix secondes s’accompagne de trois points de pénalité sur sa licence. Verstappen totalise désormais onze points sur douze mois glissants, à un seul point de la suspension automatique. Cette épée de Damoclès plane sur les deux prochaines courses, au Canada et en Autriche, avant que certains points n’expirent.
Les conséquences sportives s’avèrent lourdes. Max Verstappen compte maintenant 49 points de retard sur Oscar Piastri, vainqueur à Barcelone devant son équipier Lando Norris. Le championnat semblait déjà compromis avant ce week-end espagnol, mais cette nouvelle bévue creuse encore l’écart avec McLaren.
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Christian Horner, le directeur de Red Bull, admet que laisser Verstappen en piste lors de la neutralisation aurait été la meilleure option. Cette stratégie l’aurait placé en tête au moment du redémarrage, même si les McLaren l’auraient probablement dépassé par la suite. Le choix des pneus durs, évités par la plupart des équipes tout au long du week-end, s’est révélé catastrophique.
La mésentente entre Verstappen et Russell remonte à plusieurs saisons. Leur altercation publique après le Grand Prix du Qatar 2023 avait déjà fait grand bruit. Avant cela, lors du Grand Prix d’Azerbaïdjan 2022, les deux hommes s’étaient échangés des insultes en public.
Toto Wolff, patron de Mercedes, livre une analyse psychologique intéressante : « Les grands, que ce soit en sport automobile ou dans d’autres sports, ont besoin d’avoir le monde entier contre eux pour performer au plus haut niveau. C’est pourquoi parfois ces grands ne reconnaissent pas que le monde n’est pas contre eux, c’est juste qu’ils ont fait une erreur. »
Cette tendance de Verstappen à laisser ses émotions prendre le dessus n’est pas nouvelle. Lors du Grand Prix du Mexique 2023, il avait déjà été pénalisé deux fois par dix secondes lors de la même course face à Norris. Cette intensité compétitive, qui fait sa force, devient parfois son talon d’Achille.
L’ironie de la situation est que les commissaires ont finalement estimé que Verstappen avait raison concernant l’incident initial au premier virage. Russell avait « momentanément perdu le contrôle, forçant Verstappen vers l’extérieur ». Cette décision tardive ne change rien à la frustration du Néerlandais ni aux conséquences de ses actes.
La fenêtre de tir pour le titre de champion du monde s’amenuise dangereusement pour Verstappen. McLaren affiche une régularité redoutable avec Piastri et Norris, tandis que Red Bull peine à retrouver la domination des saisons précédentes. Chaque point perdu compte désormais double.
L’attitude de Verstappen après la course interroge sur sa capacité à gérer la pression. Son refus de discuter avec Russell (« Je n’ai rien à dire ») et sa philosophie désinvolte (« Dans la vie, on ne devrait pas regretter trop de choses. On ne vit qu’une fois ») révèle un pilote sur les nerfs.