L’exposition « Jardiner » : l’expérience immersive qui fait pousser vos sens à la Cité des sciences

À travers six jardins contemporains, interactifs et sensoriels, l’exposition « Jardiner », à la Cité des sciences et de l’industrie, mêle art, science et écologie pour repenser notre rapport au vivant.

Par
Olivier Delavande
Fils d’un père français et d’une mère vietnamienne, Olivier Delavande a baigné dans une double culture qui a façonné sa curiosité et son ouverture d’esprit dès...
11 Minutes de lecture
© Photo : La Cité des Sciences et de l'Industrie

Ouverte depuis le 14 octobre 2025, l’exposition « Jardiner », à la Cité des sciences et de l’industrie, propose une immersion inédite où sciences et créations artistiques se rencontrent autour d’une question centrale : que signifie jardiner au XXIe siècle ?

Conçue en partenariat avec l’INRAE, cette manifestation temporaire explore les gestes du jardinage sous un angle scientifique pluridisciplinaire, associant botanique, biochimie, neurologie et sociologie pour décrypter cet espace familier, mais profondément complexe.

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Un parcours sensoriel en six jardins

Les visiteurs déambulent à travers six installations sensorielles imaginées par des artistes et des designers, chacune inspirée de jardins réels existants. Ces cabanes, d’une superficie de 16 à 20 mètres carrés, sollicitent l’ouïe, l’odorat ou le toucher afin de proposer une lecture sensible de ces espaces cultivés. À la sortie de chaque cabane, un portrait et une interview du jardinier ayant inspiré le lieu permettent de comprendre les pratiques concrètes ayant nourri la création artistique.

Le jardin potager ouvre le parcours avec une installation olfactive conçue par Carole Calvez, fondatrice du studio Iris & Morphée. Les visiteurs cheminent entre des légumes géants stylisés et découvrent les senteurs de tomate, de menthe, de pak-choï et de potimarron, inspirées des jardins interculturels de Dresde. Cette première étape rappelle comment le potager domestique est devenu un laboratoire à ciel ouvert, où chaque geste de plantation ou de récolte constitue une expérimentation scientifique.

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Le jardin de fleurs, imaginé par Junior Fritz Jacquet, transforme l’art du papier plié en un espace de contemplation dédié aux pollinisateurs. Récompensé par le label Fabriqué à Paris et sélectionné par la Fondation Hermès, l’artiste crée des formes organiques aériennes sans collage ni découpe, rappelant ainsi que sans ces messagers ailés, près de 80 % des fleurs sauvages disparaîtraient.

Des jardins qui réparent et soignent

Le jardin partagé est un moment fort de l’exposition. Inspiré du jardin de l’association L’Autre Champ, à Villetaneuse, il prend la forme d’une serre sonore conçue par Fabien Bourdier, designer sonore et enseignant à l’École supérieure d’art et design du Mans. Les arrosoirs deviennent des porte-voix tandis que des pavillons plantés dans la terre révèlent des bruissements souterrains et des récits de jardiniers.

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Cette installation met en lumière la dimension collective du jardinage urbain, où se tissent solidarité et réparation du lien entre humains et sol.

Le jardin qui soigne associe arbres et plantes médicinales dans une scénographie tactile signée par le studio François Le Coadic, en collaboration avec Bérénice Gentil et Charles Bouscasse. Cette parcelle explore la manière dont les plantes peuvent devenir de précieuses alliées pour la santé, qu’il s’agisse de phytothérapie traditionnelle ou de pharmacologie moderne.

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Des installations interactives, comme « Secrets de famille », invitent également le public à rassembler douze planches photographiques selon leur classification botanique, afin de révéler les principes actifs et les vertus thérapeutiques des plantes.

Comprendre les enjeux environnementaux contemporains

Le « jardin spontané », inspiré du « jardin punk » d’Éric Lenoir, propose une autre approche du jardinage. Le designer Alexis Tricoire y a créé une installation dans laquelle des miroirs multiplient un carré de prairie suspendu au plafond, interrogeant ainsi notre rapport aux ressources naturelles. Un robot tondeuse en pleine crise existentielle nous interroge avec humour sur nos pratiques d’entretien : est-il vraiment nécessaire de tondre sans relâche au risque d’appauvrir la vie ?

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Le jardin qui s’adapte clôt le parcours en abordant frontalement la question du dérèglement climatique. Karine Bonneval, artiste plasticienne dont le travail est exposé à l’échelle internationale, propose une expérience immersive inspirée du Sparoza Garden, en Grèce. Des oyas (pots en céramique poreuse utilisés depuis l’Antiquité) diffusent chaleur, lumière et sons enregistrés par le CNRS, logés dans des tapis de palmes. Ces dispositifs participatifs et pédagogiques rendent sensible la soif des végétaux et leurs capacités d’adaptation.

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Des dispositifs participatifs et pédagogiques

Au cœur de l’exposition se trouve la friche en devenir, un espace central qui accueille la fresque des jardiniers. Cette installation numérique participative de cinq mètres de long invite les visiteurs à choisir une bombe de graffeur portant un mot évocateur : « Les Généreuses », « Les Exubérantes » ou « Les Cachotières ». En l’activant sur la fresque, une graine virtuelle apparaît et grandit progressivement, donnant naissance à un jardin numérique collectif, évolutif et vivant.

Des parcelles d’expériences complètent chaque installation sensorielle. L’installation « Enfilez vos bottes » invite à explorer la richesse souterraine : une simple cuillère de terre abrite en effet plus d’un million d’organismes essentiels. Le dispositif multimédia permet d’expérimenter différents gestes de jardinage (bêcher, greliner, pulvériser) afin de comprendre leurs effets sur cet écosystème fragile.

Des vitrines, dites « des mal-aimés », mettent en scène des escargots, des orties, des pissenlits, des ronces et du lierre, souvent considérés comme indésirables, et les revalorisent pour souligner leur utilité. Ce dispositif mêle matières vivantes et inclusions de végétaux sous résine, offrant une approche à la fois esthétique et pédagogique.

Une scénographie écoresponsable

La conception scénographique, signée Céline Daub, avec un univers graphique de Clara Emo Dambry, privilégie une démarche responsable. Les espaces sont séparés par des éléments hauts comme des haies, permettant une vue d’ensemble du parcours. Les matières utilisées (coton, broderies, bois, chanvre, béton) font écho à l’univers du jardin.

Le sourcing des matériaux témoigne d’une attention particulière portée aux enjeux environnementaux. Une grande partie du bois provient du musée de Lugdunum, à Lyon, tandis que certaines installations intègrent des objets réemployés. Les tapis en nattes de palmier ont été tissés à la main par des femmes en Tunisie afin de valoriser leur savoir-faire, puis acheminés par bateau.

Un projet scientifique ambitieux

Cette exposition s’inscrit dans la mission de la Cité des sciences et de l’industrie, qui est de comprendre le monde et d’éclairer la société grâce à la science. Le partenariat avec l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) garantit la rigueur scientifique de l’exposition. Les deux commissaires, Marie-Christine Hergault et Caroline Vrammout, ont souhaité se concentrer sur les gestes du jardinage pour révéler différents domaines scientifiques souvent méconnus du grand public.

L’établissement réaffirme ainsi son ambition de proposer une programmation ancrée dans les préoccupations sociétales actuelles, accessible à tous les publics et tournée vers l’avenir.

Cette exposition participe activement à l’éveil des consciences face aux enjeux environnementaux, à la transformation des modes de vie et à la construction d’une culture scientifique ouverte et collaborative.

Des espaces complémentaires rouvrent leurs portes

Parallèlement à l’exposition « Jardiner », deux espaces emblématiques de la Cité des sciences et de l’industrie rouvrent leurs portes en fin d’année. Le Biolab, laboratoire collaboratif dédié à l’expérimentation scientifique citoyenne, accueillera des projets liés à l’environnement et à la biologie. Bio-inspirée, qui met en lumière la bio-inspiration pour imaginer un monde plus durable, voit sa serre et son écosystème reverdir.

Ces réouvertures s’inscrivent dans une dynamique de renouveau et de transformation des espaces afin de renforcer le rôle de la Cité en tant que lieu de référence pour la culture scientifique, technique et industrielle. Le lien étroit avec la recherche et l’innovation, notamment sur les thématiques de la biodiversité et de l’environnement, structure cette programmation ambitieuse.

L’exposition « Jardiner » à la Cité des sciences et de l’industrie ne propose pas un retour à la nature, mais une reconnexion critique, sensorielle et collaborative au vivant. Elle invite à regarder autrement ce qui pousse sous nos yeux et constitue un terrain d’expérimentation pour les jardins de demain.

🌿 Infos pratiques

📍 Lieu : Cité des sciences et de l’industrie, 30 avenue Corentin-Cariou, 75019 Paris

🚇 Accès :

Métro : ligne 7, station Porte de la Villette
Tramway : ligne T3b, arrêt Porte de la Villette – Cité des sciences et de l’industrie
Bus : lignes 139, 150, 152

📅 Dates : du 14 octobre 2025 au printemps 2026

🕒 Horaires :

Mardi à samedi : 10h – 18h
Dimanche : 10h – 19h
Fermé le lundi

🎟️ Tarifs :

Plein tarif : 13 €
Tarif réduit : 10 € (étudiants, –26 ans, seniors, etc.)
Gratuit pour les moins de 2 ans et les détenteurs du pass Cité

🧒 Public : tout public – enfants, familles, amateurs d’art et de nature

Accessibilité : exposition entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite

💻 Site officiel et billetterie : www.cite-sciences.fr

📞 Contact : 01 40 05 80 00

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