La dernière collection Automne 2025 d’Anthony Vaccarello pour Saint Laurent est le fruit d’un dialogue imaginaire entre deux icônes : le fondateur de la marque, Yves Saint Laurent, et le photographe Robert Mapplethorpe. Combinant des coupes pointues et des accents provocateurs, la collection allie discipline et danger. Les costumes structurés à double boutonnage en laine et en tweed constituent le point d’ancrage de la collection, leurs épaules précises et leurs coupes corsetées faisant référence aux campagnes d’YSL dans les années 1980. Mais sous ce vernis de respectabilité se cache quelque chose de plus audacieux : des treillis en cuir, des bottes à hauteur de cuisse et des blousons d’aviateur, qui laissent entrevoir un côté subversif.

Vaccarello a organisé le défilé à la Bourse du Commerce de Paris, dont le parquet poli et l’éclairage tamisé évoquent un salon sombre plutôt qu’une bourse. Les mannequins ont fait le tour de la salle dans des tenues équilibrant l’austérité et l’audace : manteaux en tartan, chemises rayées associées à des cravates imposantes et pièces de soirée garnies de plumes de coq. Le cuir domine, des blousons brillants aux cuissardes, sa robustesse contrastant avec la sophistication des costumes. Le créateur a décrit cette dichotomie comme « respectable en haut, sale en bas » – une tension qui fait écho à l’esthétique austère de Mapplethorpe et à l’élégance fragile de Saint Laurent.
Cette collection se nourrit de cette dualité. Vaccarello revisite les archives des années 80 d’YSL, lorsque le créateur luttait contre ses démons personnels tout en créant des vêtements impeccables. La mise à jour pour l’automne 2025 conserve cette friction, modernisant les silhouettes à épaules larges avec des proportions plus minces et des textures patinées. Les vêtements d’extérieur brillent, en particulier les manteaux en laine à carreaux qui allient la tradition écossaise à l’audace des grandes villes. Les tenues de soirée sont audacieuses, avec des cols en plumes et des finitions métalliques prêtes pour le tapis rouge, particulièrement opportunes à l’heure où Vaccarello prépare les potentielles victoires de Saint Laurent Productions aux Oscars.
Mais le véritable génie de Vaccarello réside dans son refus de se conformer. Alors que ses rivaux recherchent un « luxe tranquille », il dissèque ses contradictions, suggérant que l’élégance masque souvent la complexité. Les vêtements, impeccables mais légèrement troublants, reflètent le malaise actuel sans rien dire. La collection n’est pas seulement une garde-robe, c’est un miroir tendu à une époque où le contrôle et le chaos coexistent.